renier

renier

renier [ rənje ] v. tr. <conjug. : 7>
• 880; du lat. pop. °renegare nier
1Déclarer ne plus croire en (Dieu). Renier Dieu.
2Déclarer faussement qu'on ne connaît ou qu'on ne reconnaît pas (qqn). Saint Pierre renia trois fois Jésus. Renier sa famille. Renier un ami dont on a honte.
Rejeter, répudier; abandonner. « Celui qui a tout renié, père, mère, Providence, amour, idéal, afin de ne plus penser qu'à lui seul » (Lautréamont).
3Par ext. Renoncer à (ce à quoi on aurait dû rester fidèle). Renier sa foi, sa religion. abandonner, abjurer, 1. rétracter; renégat. Prêtre, religieux qui renie son état. Renier une cause, un parti. déserter. Renier ses opinions, ses idées, ne plus les reconnaître pour siennes, en changer. Renier sa signature. désavouer. Renier ses engagements, ses promesses, s'y dérober.
Pronom. Se renier : renier ses opinions.
⊗ CONTR. Reconnaître.

renier verbe transitif (latin populaire renegare, du latin classique negare, nier) Déclarer qu'on ne croit plus en Dieu. Ne plus reconnaître quelqu'un, quelque chose pour ce qu'ils sont, considérer qu'on n'a plus aucun lien avec eux : Renier sa famille. Ne plus reconnaître quelque chose comme sien : Renier ses engagements politiques.renier (synonymes) verbe transitif (latin populaire renegare, du latin classique negare, nier) Ne plus reconnaître quelqu'un, quelque chose pour ce qu'ils sont, considérer...
Synonymes :
- désavouer
- répudier
Ne plus reconnaître quelque chose comme sien
Synonymes :
- se dérober à

renier
v.
rI./r v. tr.
d1./d Nier, en dépit de la vérité, qu'on connaît qqn. Saint Pierre a renié Jésus.
d2./d Refuser de reconnaître (qqn, qqch) comme sien. Renier ses amis. Renier ses origines.
d3./d Abandonner, abjurer (qqch). Renier ses opinions.
rII./r v. Pron. Désavouer ses opinions, ses choix antérieurs.

⇒RENIER, verbe trans.
A. — Déclarer ne plus croire en Dieu, en la divinité. Renier Dieu. Mais le jeune cœur de Lenore se révolte contre la douleur, et, dans son égarement, elle renie la providence. Au moment où le blasphème est prononcé, l'on sent dans l'histoire quelque chose de funeste (STAËL, Allemagne, t. 2, 1810, p. 195). Pour un peuple qui a renié ses dieux, les témoignages du génie et de la piété des ancêtres sont des remords visibles dont la présence importune (MÉNARD, Rêve païen, 1876, p. 60).
P. anal. Soit, mon père, renions Satan, condamnons-le au néant; je ne tiens pas à son alliance, quoique l'air satanique soit assez de mode et qu'il ait inspiré à Sténio de fort beaux vers en mon honneur. Si le diable n'existe pas, me voici fort en paix sur mon avenir (SAND, Lélia, 1833, p. 66).
B. — Renier qqn.
1. Déclarer, contre toute vérité, que l'on ne connaît ou que l'on ne reconnaît pas quelqu'un. Vous m'aurez renié, vous Pierre, à trois reprises, Que le coq n'aura pas encor chanté trois fois (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 854). Celui-ci, froussard autant que vaniteux, et reniant M. de Charlus aussi volontiers qu'il se parait de lui (PROUST, Prisonn., 1922, p. 213).
Empl. pronom. réfl. Désavouer ses propres convictions, ses propres déclarations, son passé. Notre Lorraine, sous l'action des Allemands, ne se reniera pas. Mais quoi! elle subit (BARRÈS, Serv. All., 1905, p. 112).
2. Ne plus reconnaître comme sien. Renier son père, sa famille, ses amis. Silence devant Jean-Jacques! Cet homme, je l'admire. Il a renié ses enfants, soit; mais il a adopté le peuple (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 791). Presque partout, les ecclésiastiques qui avaient prêté serment à la constitution civile, non reconnue par le pape, furent reniés par les fidèles (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 48).
Empl. pronom. réciproque. Ne plus se reconnaître. Toutes les plaisanteries qui courent sur les États-Unis et la Grande-Bretagne (...) ont fini par nous faire oublier qu'elles sont mère et fille. La plus jeune renie l'aînée comme se renient deux générations, c'est-à-dire en vain (MORAND, New-York, 1930, p. 109).
C. — Renier qqc.
1. Renoncer entièrement à une conviction, à une certitude, à une valeur. Synon. abandonner, abjurer. Renier sa foi, sa religion; renier un parti. On ne peut concevoir la raison universelle qu'avec la raison propre, ni croire à cette raison universelle en reniant sa raison (MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 184). La première idée de l'homme fut celle de l'amour qu'il trouvait en soi-même, en l'être, en la chose (...). Son malheur ne fut point de mordre au fruit de la vie, mais d'en renier, à la face de l'amour même, la connaissance sainte et le délice sacré (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 155). V. abjurer ex. 14 et apostasier ex. 4.
P. plaisant. Figure-toi, ma chère, que j'ai renié l'alexandrin une minute quand je t'ai lu. C'est extraordinaire, tes vers libres (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1892, p. 151).
2. Ne plus reconnaître comme sien. Synon. désavouer. Renier ses engagements, ses promesses, sa signature; renier ses idées, ses opinions. L'huissier a bien le droit d'écrire son protêt Dans un hideux patois que l'univers renie (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 118). Ce n'est point que je renie une ligne de La Nation française a une âme: je demande seulement au lecteur de situer ces pages à l'époque (1943) où elles me furent dictées par la colère et par l'espérance (MAURIAC, Cah. noir, 1944, p. 369). V. abjurer ex. 16.
Prononc. et Orth.:[], (il) renie []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin IXe s. « apostasier, abjurer sa religion » (Eulalie ds HENRY Chrestomathie, p. 3, 6: Qu'elle Deo raneiet); spéc. renier Dieu « blasphémer », v. jarnidieu; 1534 renier « blasphémer » (RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, chap. 16, p. 108, 27). Du lat. pop. renegare « récuser » Xe s. ds CGL t. 5, p. 479A, 25, qui a dû prendre dans les milieux chrétiens le sens de « apostasier », également att. par l'ital. rinnegare, v. renégat, dér. de negare, nier. Cf. en m. fr. la forme renaguer 1552 (RABELAIS, Tiers livre, éd. M. A. Screech, chap. 36, p. 252, 128). Fréq. abs. littér.:998. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 950, b) 943; XXe s.: a) 1 942, b) 1 755.
DÉR. 1. Reniable, adj., vieilli. Qui peut être renié. Synon. niable. Il n'est guère usité que dans cette locution proverbiale:Tous vilains cas sont reniables, locution qui se dit lorsqu'un homme ayant commis quelque méfait considérable, la honte ou la crainte fait qu'il le nie (LITTRÉ). Tout mauvais cas est reniable (MÉRIMÉE, Lettres Panizzi, t. 2, 1864, p. 4). []. Att. ds Ac. 1694-1878. 1res attest. fin XVIe s. (P. DE L'ESTOILE, Reg. journ. de Henri III, 157 ds Fonds BARBIER: cas sont reniables), 1607 (LOYSEL, Institutes coutumieres, p. 803); de renier, suff. -able. 2. Renieur, -euse, subst., rare. Personne qui renie, qui blasphème. [Thiers] a fondé l'école admirative de la terreur: appartenant à cette école, je serais bien embarrassé, car, si d'un côté ces renieurs et reniés de Dieu, étaient de si grands hommes, l'autorité de leur jugement doit peser; mais d'un autre côté ces hommes en se déchirant, déclarent que le parti qu'ils égorgent est un parti de coquins (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 523). [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1694-1878 (au masc.). 1re attest. déb. XIVe s. reneor (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, XIV, 5425); de renier, suff. -eur2; cf. l'a. m. fr. renoüer « renégat » ca 1200 (Chevalier Cygne, 193 ds T.-L.: reneiers) — XVe s. [date ms.] LAURENT, Somme, ms. Troyes, f ° 7 v °.
BBG. — QUEM. DDL t. 10.

renier [ʀənje] v. tr.
ÉTYM. 880; du lat. tardif renegare, de re-, et negare. → Nier.
1 Renier Dieu, déclarer qu'on ne croit plus en lui. Nier, renoncer (II., 1.).Par ext. (sens fréquent au XVIIe). || Renier Dieu : blasphémer. aussi Jarnidieu.
(1689). Loc. fig. (vx). Renier chrême et baptême : perdre patience.
Absolt. || Renier : abjurer sa foi (→ Douter, cit. 20).
2 (V. 1240). Renoncer, par faiblesse ou par intérêt (à ce qui doit inspirer de l'attachement, de la fidélité). || Renier sa foi, sa religion. Abandonner, abjurer (cit. 2), apostasier, rétracter. || Renier son état (en parlant d'un prêtre, d'un religieux). → Jeter le froc aux orties. || Renier une cause, un parti. Déserter.Renier ses opinions, ses idées, ne plus les reconnaître pour siennes, en changer, au mépris du devoir, de la fidélité… Retourner (sa veste); → Pratiquer, cit. 4. || Renier sa signature, son œuvre. Désavouer (→ Honorer, cit. 27). || Renier ses engagements, ses promesses, s'y dérober.Renier une longue réputation de probité par une escroquerie. Mentir (à).
1 Il a tout renié, l'honneur et le serment
Du Chevalier, le nom et la foi des ancêtres;
Il règne par l'embûche et par l'égorgement.
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Le lévrier de Magnus. »
2 (…) quand il nous avait fait aimer l'objet de son engouement, alors il le vomissait, le déchirait, le reniait, tâchait à nous convaincre d'ignorance et de mauvais goût.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, VIII.
3 Déclarer faussement et au mépris de son devoir, de l'honneur, qu'on ne connaît ou qu'on ne reconnaît pas (qqn). || Saint Pierre renia trois fois Jésus (→ 1. Coq, cit. 1). || Renier ses parents, sa famille, un ami par fausse honte.Vx. || Renier qqn pour son ami, ne plus le reconnaître comme son ami. (De nos jours). || Renier son fils, son père : ne plus considérer comme son fils, son père…
3 Puissé-je user du glaive et périr par le glaive !
Saint Pierre a renié Jésus… Il a bien fait !
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Révolte », CXVIII.
4 Celui qui a tout renié, père, mère, Providence, amour, idéal, afin de ne plus penser qu'à lui seul (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, VI.
4.1 Croyez-vous que pour rien au monde je renierais un fils comme celui que Dieu m'a donné.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 212.
5 (…) Philippe vit venir Pierre lui-même, les yeux troublés par les larmes, qui ne tarissaient plus depuis que, par trois fois, il avait renié son divin Maître.
Apollinaire, l'Hérésiarque…, p. 96.
(XIIe). Par anal. Rejeter, répudier; abandonner (→ Opprobre, cit. 2; prosterner, cit. 6). || La foi (cit. 26) ne méconnaît ni ne renie le savoir.
——————
se renier v. pron.
Désavouer (cit. 9) ses opinions, son attitude passée, mentir à sa réputation, refuser les conséquences de ses actes.Récipr. || Ils se renient entre eux.
6 (…) il y avait cette différence que la libérale Angleterre, la philosophique Prusse, avaient besoin d'un peu de temps pour passer d'un pôle à l'autre, pour se décider à se démentir, s'abjurer, se renier, avouer ce qu'elles étaient, les ennemies de la liberté.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, VI.
7 (…) la jalousie la dévore, elle est à cent lieues de sa sœur; sa sœur n'est plus sa sœur; ces deux femmes se renient entre elles comme elles renient leur père
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 913.
——————
renié, ée p. p. adj.
Vx. || Chrétien renié; moine renié. Renégat.Mod. || Opinions reniées.
CONTR. Embrasser, professer, reconnaître.
DÉR. Reni, reniable, reniement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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